La dynamique évolutive du changement : L’évolution et ses crises, un processus d’élaboration des besoins psycho-socio-économiques.

Le concept de Dynamique Évolutive du Changement

La dynamique évolutive du changement est un concept qui informe sur les  dynamiques internes des individus, les besoins qui construisent leurs représentations du monde (leurs visions), leurs mécanismes de sécurité (leurs défenses),  leurs motivations,  leurs comportements adaptatifs, mais aussi le sens qu’ils donnent à leurs valeurs, ainsi que les angoisses engendrées par leurs visions et représentations, etc.

Elle permet aussi de comprendre le fonctionnement collectif et social des systèmes dans lesquels ces mêmes individus évoluent pour mieux appréhender les comportements paradoxaux conditionnés par leurs visions.

L’évolution de chaque individu ou système est  le résultat de dynamiques complexes, lesquelles induisent le développement des différentes maturités, à des rythmes différents.

La grille de lecture de la dynamique évolutive du changement offre le moyen d’identifier les critères conscients et inconscients à l’œuvre, et de comprendre comment la satisfaction des besoins participe au changement. 

Les éléments utilisés pour ce concept sont empruntés à de nombreuses approches qui décrivent la vision des personnes et des systèmes selon :

– Leur type de fonctionnement relationnel.

– Leur type de communication à l’œuvre.

– Les divers niveaux de maturité psycho-affective.

– Les divers niveaux de maturité de penser.

– Les niveaux de maturité de Conscience.

Les outils ou les moyens 

Les outils et les moyens sont les portes d’accès aux représentations du monde des individus et des systèmes tels que la pensée, les émotions, les ressentis kinesthésiques, les comportements, les langages verbaux, para-verbaux et non verbaux. Ceux-ci sont aidés de deux médiums : l’intuition et la raison.

Ils permettent d’identifier le niveau de maturité des individus et des systèmes en observant le type de relation sur un continuum allant :

– De la dépendance à l’inter-dependance, “véritable stade de l’autonomie”.

– Du besoin d’exister à celui d’être.

– D’un vécu de survie à celui d’Être en vie, “ce que l’accès à l’altérité et au sens permet”.

La conférence présentée ce jeudi 1er décembre 2022, a tenté, avec ce concept, de mettre en lumière, conformément au menu illustré sur l’image ci-dessous, les dynamiques qui animent l’évolution des 

individus et des systèmes. 

Elle les a présentées avec de nombreuses illustrations, tout en postulant que :

  1. Ce sont les réponses apportées par les individus et les systèmes, pour satisfaire leurs besoins  “de structure, de reconnaissance et d’action”, qui sont à la fois le carburant et le moteur de l’évolution de l’humain et des systèmes.
  2. C’est la recherche de satisfaction des besoins qui les pousse à trouver les moyens pour y parvenir. 
  3. L’évolution s’opère toujours par palier. Les crises sont la manifestation de résistance au changement.
  4. Les crises annoncent toujours l’émergence d’un évènement nouveau. Elles conduisent tôt ou tard à une nouvelle étape de l’évolution. 
  5. L’existence des individus et des systèmes progressent toujours de deux façons : d’un coté sur un plan horizontal, en acquérant savoir et savoir faire pour répondre aux progrès matériels et techniques, c’est une progression qui s’opère sous une forme sinusoïdale. De l’autre sur un plan vertical, en acquérant le savoir être, ce qui entraîne un développement de la maturité psycho-affective, de pensée et de conscience, sous une forme spiroïdale. 
  6. La recherche de satisfaction des besoins fondamentaux ne se fait pas de façon linéaire. Les expériences et les épreuves contribuent au développement des maturités et les renoncements conduisent au changement de vision et à l’évolution.
  7. Les crises et les résistances entraînent régulièrement des régressions accompagnées de comportements défensifs de survie, qui empêchent temporairement l’accès à l’étape suivante. 
  8. Les crises sont le symptôme d’une recherche d’homéostasie nécessaire aux systèmes et aux Hommes. Elles sont et restent présentes tant que l’équilibre qui permet de répondre aux attentes des systèmes et des organisations économiques et politiques n’est pas retrouvé.
  9. C’est le retour à une homéostasie qui conditionnera la validation du changement.

En résumé, cet exposé a illustré les nuances des différents niveaux de maturité sur un continuum observable, allant pour :

  • La maturité affective ; de la dépendance totale à une contre-dépendance, pour parvenir à s’affirmer avec l’indépendance, avant d’accéder à la véritable autonomie, offerte par l’inter-dépendance.
    • La maturité de pensée ; d’une pensée morcelée à une pensée clivée, en passant par une pensée ambivalente, pour parvenir à une pensée systémique et aboutir à sa pleine expression avec une pensée systémique et complexe.
    • La maturité de conscience, tout en tenant compte des deux précédentes, à la capacité d’un individu et d’un système à réaliser, en situation, l’impact de ses actes et de ses actions sur la relation et l’environnement.  

L’exposé a ainsi cherché à illustrer quatre types de visions correspondant aux différentes maturités. Il a apporté quelques critères sur les modes de fonctionnements des individus et des organisations, selon les différentes visions. Il a décliné un certain nombre de spécificités, dont la perception de chacune au niveau relationnel et social, mais aussi leur représentation de la spiritualité, etc… Les quatre visions ont été décrites : pour la première avec un fonctionnement de type clanique, pour la seconde de type pyramidal ou aristocratique, pour la troisième de type démocratique et pour la quatrième de type sociocratique ou holocratique.

Un certain nombre de critères a été illustré pour rendre compréhensible les différences entre chacune des visions, en précisant que la plus évoluée était la vision intégrative, représentée par l’image ci-dessous:

Il s’en est suivi d’une illustration des différentes façons de concevoir la psyché ainsi que ses trois besoins. Comment celles-ci conditionnent les dynamiques de la personnalité sociale, économique et politique ? Comment contribuent-elles à la mise en œuvre de l’évolution ?

Les dynamiques et les représentations conscientes et inconscientes ont été abordées à travers :

  • les particularités des différentes approches  neuro-scientifiques et les zones cérébrales

la psychanalyse freudrienne : ses topiques et leur gestion des désirs, des pulsions et de la libido

  •  l’hypnose Ericsonniene et ses mécanismes paradoxaux
  • les processus de communication avec l’analyse  transactionnelle d’E.Berne 
  • la psychanalyse Jungienne et ses présupposés sur l’inconscient, ainsi que ses apports empruntés à la physique quantique et aux philosophies orientales. 

Chacune des approches de la psyché apporte, avec ses grilles de lecture, un regard complémentaire sur les dynamiques psychiques aussi observables que mystérieuses. 

C’est ensuite que certaines étapes marquantes de l’évolution de l’Homme ont été abordées avec le passage de l’âge de pierre, “ l’homme primitif ”, à l’âge du cuivre, celui où l’humanité a développé la culture. L’âge de bronze a été marqué par l’émergence de la spécialisation des métiers. L’âge de fer est, quant à lui, représentatif du développement des sociétés et des sciences. Enfin, l’âge du Silicium, l’ère actuelle, est marquée par l’information et la communication.

D’autres grandes étapes de l’évolution de l’humanité ont été évoquées, tel que le passage de l’Homoerectus à l’Homo-sapiens. Cette phase importante du redressement de l’Homme a permis au neocortex de se développer. Depuis, une élaboration de la réflexion, de la capacité à prévoir, à projeter, à fabriquer des outils et des objets ont pu être observées.

 De plus, la notion de passage de la conscience animale à celle dite humaine lorsque l’Homme a commencé à enterrer ses morts en le ritualisant, étape importante du développement de la dimension sociale, a également été abordée. Le passage de l’Homme pêcheur cueilleur à une sédentarisation a contribué au développement de la cité et des activités nécessaires à la satisfaction des besoins psycho socio économiques. Le passage de la vision ou des croyances animistes à celui des dogmes religieux a permis de remplacer la vision clanique par une vision pyramidale. La remise en question de cette dernière par la science a entrainé le passage de la vision aristocratique à la vision démocratique. Cette évolution a conduit aux progrès que l’on connaît avec les sciences et les techniques. Enfin, la crise actuelle est sans doute annonciatrice d’une nouvelle étape, d’un nouveau modèle de société.

La crise: élément qui caractérise la dynamique de changement 

On peut observer certains critères comme par exemple :

  • Le développement des sciences mis au service de dogmes scientistes, économiques et matérialistes. 
  • L’Homme variable d’ajustement des techniques, plutôt que le sujet principal de l’évolution avec son environnement.
  • Une régression vers une vision pyramidale et aristocratique.
  • Une réactivation des dynamiques de survie accompagnée de la peur de l’autre, de l’étranger.
  • Une tentative d’uniformisation de la pensée, ce qui rend difficile l’expression des différences et qui paradoxalement conduit aux conflits et à des fractures dans les relations. 
  • Une dynamique scientiste qui, contrairement à l’évolution précédente, n’utilise plus la science pour requestionner les certitudes métaphysiques et politiques, mais bien plus pour affirmer ce qui est, ce qui doit être et ce qui ne doit pas être.
  • Des dogmes politico-scientistes qui remplacent les politico-religieux, avec une idéologie technico-économique, pour répondre aux questions existentielles de la survie de l’espèce.
  • Une promesse d’immortalité, non plus aux Hommes vertueux, ce qui n’était déjà pas vérifiable, mais à “ l’homme augmenté”,Homo-deus, de la nouvelle religion qu’Harari nomme la “religion du dataïsme”, avec une nouvelle vision du salut de l’humanité promise grâce aux techniques du nouveau dieu : “l’intelligence artificielle”. 

Ces critères ne semblent heureusement pas prendre en compte les dynamiques inconscientes (1) qui ont animé le vivant et au cours des siècles, et qui ont empêché les Hommes d’atteindre les édens chimériques promises. Cela permet de penser et de postuler que cette nouvelle crise est annonciatrice d’une nouvelle étape dans le processus évolutif de l’humanité.

Comment donner du sens à cette crise ?

Si l’on accepte, comme François Rabelais, que la science sans conscience n’est que ruine de l’âme et, comme Claude Lévis Strauss, que la science à elle seule est incapable de répondre à toutes les questions, quel que soit son niveau de développement, on comprend bien Henri Poincarré qui disait que si la science se développe avec des faits comme se construisent les maisons avec des pierres, ça n’est pas pour autant qu’une accumulation de faits soit de la science, pas plus qu’un tas de pierres soit une maison.

Ce qui permet de conclure avec un peu de philosophie, en reprenant les propos d’André Malraux qui postulait que le 21ème siècle serait spirituel ou ne le serait pas. Si l’on ne confond pas la spiritualité avec les dogmes religieux qui n’en sont que des facettes. Si l’on accepte la spiritualité comme la nécessité pour l’Homme de donner du sens à la Vie et à la sienne, on devrait alors pouvoir concilier la vision de Theillard de Chardin, qui affirmait que l’Homme est un être spirituel faisant une expérience humaine, avec celle du croyant, pour qui la spiritualité est le moyen d’accéder à un au-delà meilleur. Celle de l’athée  n’est que coïncidences et assemblage biologique et neuronal sans autres sens ni finalité .On peut ainsi comprendre qu’elles ne sont que des expressions des diverses visions, maturités et degrés d’évolutions avec lesquels chacun donne du sens à sa vie et à la Vie. 

Cela me permet de postuler pour que cette multitude de visions et de maturités puissent coexister ; la vision intégrative, conjointe à une véritable sororité et une vraie fraternité, dans le respect des différences et de l’altérité, devrait-être la seule option pour parvenir à nouveau au bonheur d’un bien vivre ensemble.

Alors, en attendant que cela puisse advenir, pourquoi pas, comme B. Spinoza, affirmer que notre naissance est notre puissance d’exister, que notre Conscience, ou vision spirituelle, est le moyen de donner du sens à la Vie ( la notre en particulier) et souhaiter, comme M. Montaigne, que notre mort ne soit que le souvenir d’y avoir semé des fleurs.

(1) théorie du 100ème singe (disponible sur internet).

Quelques sources pour aller plus loin :Jean-Marc Farahmand 

Homo deus: Une brève histoire du futur Yuval Noah Harari.

Le grand virage de l’humanité : Philippe Guillermant.Le 1er décembre 2022

Une brève histoire du tout : Ken Wilber.

Sciences et champs Akashique : Erwin Laszlo.

Ouvrages concernant la spirale dynamique, l’analyse transactionnelle, les approches psychanalytiques Jungienne, freudienne et autres.

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