Se faire confiance pour oser être soi

Se faire confiance pour oser être soi

Se faire confiance pour oser être soi. Cette réflexion est le fruit des questions que j’ai dû me poser pour développer le processus et la mise en œuvre de l’atelier du même nom, proposé lors du troisième module de la dynamique évolutive du changement. Je profite de cette occasion pour les partager avec vous qui lisez cette article. J’ai l’espoir aussi qu’il puisse vous être profitable. Voici les trois questions que je me suis posé :
1. Comment définir l’état de confiance ?
2. Quels sont les moyens pour se faire confiance ?
3. Comment définir cet état que l’on nomme être soi ?

Pour répondre à la première, bien que cela soit difficile à décrire, on peut dire que l’état de confiance correspond à un vécu, ou aucun sentiment, aucune sensation et aucune pensée viennent empêcher ou entraver l’expression de ce qui doit être exprimé ou partagé et ce quel qu’en soit le contexte, l’environnement et le moment ou il se produit. Dans ces moments là, l’émetteur s’exprime alors de façon naturelle, que ce soit volontairement ou involontairement.

Et comme toute définition ne peut-être complète que si l’on en définit son contraire, nous pouvons alors dire que :

Le manque de confiance est un état dans lequel une pensée, un sentiment ou un ressenti empêche de façon consciente ou non l’expression spontanée de tout propos ou de toute action.
Le présupposé est donc que même si l’on n’arrive pas à l’identifier, il y a derrière cela un jugement qui empêche, à tord ou à raison, de communiquer ou de faire ce que l’on souhaite exprimer, de façon simple et spontanée.

C’est un postulat qui présuppose que le manque de confiance est le résultat produit par un mécanisme de défense, composé de juges et de croyances, qui, pour protéger son auteur, lui font ressentir une insuffisance dans l’élaboration de ses propos ou ses actions, l’empêchant ainsi de les exprimer simplement et spontanément. Le problème de ce mécanisme est qu’il pousse l’individu à anticiper les résultats en lui faisant projeter, pour se rassurer, ce dont il a le plus peur et qu’il imagine de la situation et de ce qu’il pourrait rencontrer.

Ce mécanisme de défense a comme inconvénient principal de confirmer en permanence les croyances de celui qui les active. Il empêche celui qui se protège à se risquer à de l’imprévisible. Il le spolie de ses resources et l’empêche de faire les apprentissages nécessaires à son épanouissement. Il est donc le principal empêchement pour se faire confiance. C’est pourquoi lors des ateliers, en général et de celui là en particulier, nous proposons aux participants, dans un premier temps, de revisiter ce mécanisme. Puis dans un second temps nous leur offrons des outils pour apprendre à s’en détacher. Les outils qui sont proposés sont en majorité issus de l’intelligence collective en action. Ils apportent des options et des solutions aux participants en leur permettant d’élaborer ce dont ils ont besoin pour s’en libérer. À l’issue de ce travail, les options qu’ils choisissent leur permettent de lâcher leurs visions enfermantes et leur apportent une ouverture sur du nouveaux, contribuant ainsi à une libération et à leur épanouissement.

C’est ce mécanisme de défense qui est le moteur de toutes les difficultés. Il confirme sans cesse ce que l’on croit de soi, en nous faisant nous répéter sans cesse que nous ne sommes pas suffisamment ceci ou cela, pas capable de, ou pas à la hauteur de, etc…

Si nous acceptons que nous sommes conditionnés par des croyances, dont certaines sont aidantes et d’autres limitantes, si nous acceptons que nous sommes conditionnés par la façon dont nous avons été éduqués, par notre milieu, par le lieu ou nous avons grandit, par les conditions sociales, sociétales et culturelles propre à notre milieu, si nous acceptons que ce que nous avons connu nous a façonné, nous pouvons comprendre que notre vision, celle que l’on a des gens, des choses, de notre entourage, comme de notre environnement, conditionne le regard spécifique que l’on porte sur tout ce que nous côtoyons. C’est donc ce conditionnement qui nous a façonné et nous a appris à nous adapter, voire à nous sur-adapter au monde et notre environnement.

Ce conditionnement définit et colore donc continuellement notre vision des situations dans lesquelles nous trouvons le contexte favorable pour être ou ne pas être en confiance. Notre vision et nos comportements résultent de nos croyances et de leurs mises en action, ce qui explique que certaines fois nous sommes en confiance et d’autres fois nous nous sentons en difficultés.

Ceci donne une piste pour expliquer comment certaines fois il est difficile de s’affirmer et de se montrer comme on est. Pour arriver à se faire confiance, le plus souvent nous allons devoir accepter de déconstruire et de déconditionner nos représentations et nos croyances qui ne sont plus adéquates aujourd’hui et en trouver de nouvelles pour pouvoir répondre à nos nouvelles aspirations.

Se détacher, les modifier, voire les changer va nous conduire à accepter nos imperfections et par conséquent nous accepter tel que l’on est et par capillarité renoncer de chercher à correspondre ce que d’autres ont voulu que l’on soit, qu’ils nous l’aient dit ouvertement ou seulement suggéré.

Changer notre regard sur nous-même, sur les autres et sur le monde résulte d’un parcours et d’un choix qui demande de remettre en question notre vision. Que le changement se fasse de façon volontaire, suite à une souffrance ou à un accident de la vie, ou qu’il soit subit, il s’accompagne toujours d’une obligation de prêter à la fois plus d’interêt à nous-même et à la façon dont nous nous relationnons avec les autres.

Ce travail de déconditionnement conduit à ce que l’on nomme l’autonomie. Celui qui y parvient adopte de plus en plus un positionnement et des comportements qui se traduiront dans ses relations de façon authentique.
Cette congruence que permet l’authenticité est ce qui conduit l’individu à ne plus se préoccuper des jugements des autres, à ne plus se comparer, à ne plus chercher à prévoir ni à anticiper les situations qu’elles soient prévisibles ou pas. Ne ressentant plus ni danger, ni menace face à des visions différentes, l’individu réussit à se sentir libre d’être qui il est et comme il est.

C’est ce qui me fait postuler qu’être soi est un état, un positionnement dans lequel chacun se sent en accord avec lui-même. Ce qui veut dire en accord avec ses états émotionnels, sa façon de s’exprimer, ses défaillances, ses difficultés, ses manques, sa vulnérabilité.
Ce qui n’est possible que si l’individu se détache de ce que pense ou souhaite les autres, sans pour autant les ignorer ou sans foutre.
Cette état est un vécu dans lequel il n’y a plus la crainte de ne pas correspondre à ce que veulent ou souhaitent les autres.

Être soi, c’est nous différencier de notre image sociale à laquelle, durant de longues années, nous nous sommes identifiés. Se différencier de son image sociale offre une liberté qui permet de ne plus craindre ce que pensent ou attendent les autres. Cette liberté permet ainsi de se montrer sans artifice ainsi, n’ayant plus besoin de défendre son image, il n’est plus nécessaire de surjouer sa place et du coup nous permet de n’être que le héros de notre vie quotidienne et d’en assumer librement nos fonctions.

Être soi peut donc se définir comme étant un état qui facilite toute relation, que ce soit de soi à soi ou que ce soit de soi aux autres. C’est ce qui apporte la plus grande sécurité quels que soient l’environnement, la dynamique et le mouvement. Cette état contribue à avoir la présence nécessaire que l’on doit porter à soi-même, sans ne plus s’obliger, ni se forcer à quoi que ce soit autre que d’être respectueux de son entourage et de ses obligations que l’étique nécessaire à un bien vivre ensemble demande.

Être soi correspond donc à une sortir de la sur-adaptation enfantine, qui fut la première à nous construire, pour devenir des hommes et des femmes ayant atteint une véritable maturité affective.

JEAN-MARC FARAHMAND

Pau le 3 Avril 2018