Dynamique Évolutive du Changement (D.E.C) : Concept et présupposés

Le concept de la D.E.C. est basé sur les présupposés :

– Que dès la naissance, l’enfant, comme tout système humain, est soumis à des dynamiques qui le pousse à se développer, faire des apprentissages, croître, s’autonomiser, satisfaire ses besoins en s’adaptant aux exigences de son environnement ;
– Que la relation qu’il a à son environnement lui permet d’acquérir, ou pas, la sécurité nécessaire pour accepter le changement ;
– Que des apprentissages sont nécessaires pour acquérir les compétences, capacités, aptitudes et talents qui permettent de répondre aux exigences d’un environnement lui-même en évolution permanente.

La D.E.C. offre une grille de lecture qui permet de faire des hypothèses sur :

– Le niveau de conscience des individus ou des systèmes étudiés ;
– Le type de perception que les individus observés ont des situations ;
– Le type de relations qu’ils entretiennent avec leurs pairs et leur environnement ;
– Le positionnement et la place qu’ils occupent ou qu’ils s’octroient ;
– Le mécanisme et les raisons qui les font agir de façon passive ou active dans la résolution de problèmes ou de difficultés ;
– Les motivations qu’ils ont à mettre en œuvre, ou pas, des actions pour résoudre les difficultés des situations observées ;
– Les raisons de leurs comportements et les motivations qui les poussent à s’investir, ou pas, dans le secteur de vie concerné.

Elle a l’ambition de faciliter l’accompagnement en proposant une cartographie mentale empruntée à l’Analyse Transactionnelle, la Psychanalyse, la Biodynamique, la Programmation Neurolinguistique, l’Analyse Systémique, la Psychosocionomie et la Spirale Dynamique, le tout regroupé sur un schéma facile à s’approprier et compréhensible par le plus grand nombre.

Ce concept regroupe ses approches sur un schéma unique pour permettre :

– De comprendre et de retenir ce que chacun sait intuitivement, mais qu’il ne sait pas qu’il sait ;
– De se construire une grille de lecture pour classer ce qui est observé ou analysé ;
– De répondre aux besoins pour atteindre le ou les objectif(s) souhaité(s) ;
– D’aider à l’élaboration de stratégies d’accompagnement au changement ;
– De répondre aux demandes en tenant compte des motivations qui les sous-tendent ;
– De faciliter aussi une compréhension et pouvoir se représenter entre autres :
– Le stade de maturité de l’individu et du système,
– La vision des personnes ou du système à chaque étape,
– Les raisons de l’absence de compétences selon l’étape,
– Le cheminement pour acquérir des compétences.

Mais aussi de :

– Penser l’accompagnement en terme de recherche de ressources ;
– Proposer des stratégies pour combler ou satisfaire les manques ;
– Avoir un fil conducteur de la progression à respecter pour réaliser les buts et objectifs ;
– Avoir une grille de lecture pour cibler les besoins à satisfaire et les compétences à parfaire ;
– Comprendre le niveau d’élaboration de la pensée ;
– Comprendre le niveau de maturité affective ;
– Repérer les talents à chacune des étapes.

Que permet cette grille de lecture et que peut-on observer ?

L’enjeu de tout accompagnement étant d’aider à l’acquisition de talents et de compétences nécessaires à la réussite du changement, ce concept cherche à offrir à ceux qui accompagnent, comme à ceux qui sont accompagnés, de savoir repérer les besoins, critères et conditions qui permettent de répondre au mieux aux besoins, demandes, buts et objectifs nécessaires à une réalisation et à l’évolution personnelle pour l’individu, ou collective pour les systèmes.

Deux indicateurs sont à prendre en compte pour chacune des étapes :

1. La maturité affective ;
2. La maturité de la pensée.

Comment s’évalue ou se mesure la maturité ?

1- La maturité affective se mesure à la manière dont l’individu ou le système tiennent compte, ou pas, de l’écologie de la relation et de leur façon de satisfaire besoins et envies.
(Le niveau de maturité le plus élevé étant attribué aux individus ou aux systèmes qui ont la capacité de pouvoir répondre et de satisfaire leurs besoins et envies en tenant compte des conditions, des circonstances, de l’autre et de la relation systémique au moment de la mise en action de leur choix).

2- La maturité de la pensée des individus ou des systèmes quant à elle s’évalue à la manière dont ils organisent les représentations qu’ils se font des situations, des liens qu’ils font entre les idées formulées et leurs mises en actions, du recul qu’ils prennent, ou pas, face aux événements, etc.
La maturité de la pensée est aussi évaluée à la capacité à pouvoir élaborer émotions et ressentis en mots et à pouvoir les exprimer de façon adaptée en paroles, comportements et actions.

Principaux postulats concernant l’analyse de la dynamique relationnelle :

– L’observation de l’évolution appartient à un référentiel individuel et collectif ;
– Tout système est composé d’individus dont le changement impacte de façon systémique la perception de l’observateur, du système et de l’environnement ;
– Tout ce qui est observé et évalué se fait à partir du cadre de référence de l’observateur, lui-même soumis aux relations conscientes et inconscientes qu’il entretient avec les objets, les personnes, les concepts et les idées observées.
– Plus le cadre de référence de l’observateur est large, plus son évaluation, sa motivation et son intérêt pour la situation observée offrent de liberté à un ajustement écologique ;
– Enfin, tout changement est le résultat d’une dynamique logique et contradictoire qui oblige tout individu, groupe et système à remettre en question certitudes et connus, sans lesquels s’adapter à du nouveau pour évoluer reste impossible.

Quatre dynamiques relationnelles sont prises en compte dans cette approche :

1. La dynamique du besoin de sécurité ;
2. La dynamique du besoin de liberté ;
3. La dynamique du besoin de s’individuer ;
4. La dynamique du besoin de se dépasser et de se transcender.

1. Le besoin de sécurité, comme première dynamique relationnelle de croissance

La sécurité étant le premier besoin de l’être humain, le satisfaire est une priorité aux niveaux physique, physiologique, psychologique et en particulier pour le confort relationnel. Répondre à ce besoin facilite les échanges qui rendent les relations confortables. Six étapes permettent de mesurer le niveau de sécurité dans les échanges. Le niveau maximum est observable lorsque l’individu s’exprime d’une façon authentique, sans la crainte d’être jugé et sans avoir besoin de calculer ses réponses dans la relation.

Le besoin de sécurité étant le premier et le plus important des besoins, la D.E.C, lors de tout accompagnement, y porte un intérêt particulier car elle postule que réussir le changement n’est possible que si la sécurité minimum est présente pour favoriser les décisions qui le permettent.

Pour aider la mise en place de cette sécurité, la D.E.C propose des apports théoriques qui facilitent une compréhension du processus, rassurant ainsi les personnes accompagnées et leur permettant de l’intégrer dans les meilleures conditions possibles. Le groupe, la dynamique et l’intelligence collective étant la voie la plus rapide pour y parvenir, la D.E.C. apporte pour le faire la garantie d’un cadre sécure et bienveillant aux individus afin qu’ils puissent expérimenter, s’approprier et transposer leur apprentissage lors de nouvelles situations et expériences relationnelles.

La peur étant la plus fidèle compagne de la sécurité, le concept de la D.E.C invite à en distinguer deux sortes : les peurs réelles et les peurs imaginaires. Les peurs réelles étant et restant nécessaires, c’est aux peurs imaginaires que la D.E.C. s’intéresse. Le travail qu’elle propose vise à comprendre comment s’en libérer et l’importance de la sécurité relationnelle pour y parvenir. De ce fait, elle offre des outils et de la théorie conjointement, ainsi qu’un espace d’expérimentation qui permet de restaurer la confiance nécessaire pour accepter le changement.

Les apports théoriques développés, concernant cette première dynamique, parlent de posture de dépendance, du besoin de symbiose, d’être nourri, d’exister et des modes de comportements des individus et des systèmes, ainsi que des types d’angoisses et de peurs rencontrées à ce stade, comme celle bien connue par exemple d’être rejeté.

Chaque module étant une mise en mouvement de la théorie développée, ils offrent un espace expérientiel de cette théorie qui aide les participants à se l’approprier.

2. Le besoin de se différencier comme deuxième dynamique relationnelle de croissance

Si la première dynamique de tout être humain, dès la naissance, est de se mettre en sécurité, fonction assurée automatiquement par le cerveau reptilien, la seconde paradoxalement le pousse à chercher plus de liberté, à s’autonomiser, à se différencier et à créer son identité.

La rencontre de ces deux dynamiques opposées est la source des tensions psychiques qui tôt ou tard s’extériorisent dans des conflits relationnels.

Ces tensions à l’origine de la mise en route des changements, obligent individus et systèmes, pour s’en libérer, à faire des compromis, à remettre en question des paradigmes, à prendre de nouvelles décisions et à satisfaire des besoins pour répondre au mieux aux situations et attentes de l’environnement.

Cette dynamique à l’origine des conflits relationnels est donc la source du changement et de l’évolution. Les conflits permettent à la fois la prise de conscience de soi, des autres, de la relation, de l’altérité, des différences et de notre identité propre subjective et autonome.

Les intentions et les intérêts qui s’expriment par ces besoins contradictoires sont le moteur d’une recherche de solutions pour apaiser les conflits. Que les conflits soient aux niveaux physique, physiologique, psychologique, social ou relationnel, tôt ou tard, ils provoquent le changement. La dynamique conflictuelle favorise donc ainsi le terrain pour que les individus et les systèmes se différencient, s’autonomisent, se développent et trouvent ainsi leur identité propre.

Sortir des conflits demande de faire de nouveaux apprentissages sous forme d’essais, d’erreurs, créant à nouveau de l’insécurité. Pour la maîtriser, rien de mieux que de mettre en place une pensée contrôlante qui tôt ou tard donnera des certitudes et engendrera des privations, en particulier de liberté, des limites, des empêchements, des enfermements, source de nouveaux conflits, relançant la spirale du besoin de liberté que le besoin de s’individuer permettra.

Pour aider à sortir des conflits des deux premières dynamiques, la D.E.C propose des ateliers composés d’apports théoriques, d’exercices pour sortir de la contre-dépendance, changer d’attitudes et de comportements et comprendre les avantages, les inconvénients et les bénéfices secondaires ou cachés que permettent ces conflits.

Les ateliers expérientiels proposent d’apprendre à sortir des auto-jugements, des croyances limitantes à l’origine des conflits et de réaliser que ce sont les auto-jugements qui sont à l’origine du sentiment de honte et des blocages qui empêchent l’expression de soi, offrant ainsi le moyen de s’en libérer et de s’ouvrir au besoin de s’individuer.

3. Le besoin de s’individuer comme troisième dynamique relationnelle de croissance

La troisième dynamique importante au changement permet aux individus et aux systèmes de sortir des doubles contraintes des dynamiques précédentes, en affirmant leurs différences et repoussant leurs limites. Elle remet en mouvement le besoin de liberté aux dépens de celui de sécurité en favorisant l’expérimentation et l’action. L’action étant la source et le moteur de l’épanouissement des individus et des systèmes, s’individuer leur permet de repousser leurs limites, de se connaître, de se réaliser, d’atteindre leurs buts, mais au détriment souvent des liens affectifs et relationnels, les conduisant à expérimenter un sentiment de solitude qui sera le moteur à la fois du besoin de développer leur confiance en eux, la responsabilité de leurs choix et de leurs actions, déterminant ainsi une plus ou moins bonne estime d’eux-mêmes, en fonction des expériences plus ou moins bien réussies.

Le renoncement à la sécurité affective immédiate au profit de l’indépendance oblige ceux qui y accèdent à compenser leurs manques en construisant un moi solide, dans une dynamique de compétition, qui entraîne comme inconvénient un besoin de se comparer, une obligation d’être le meilleur, le plus grand, le plus fort etc., accompagné des craintes correspondantes, celles de ne pas être à la hauteur, à la bonne place etc., que la psychanalyse nomme « angoisse de castration ».

Pour aider à sortir de ce processus, la D.E.C propose dans ses ateliers de pouvoir oser être soi et se faire confiance, en offrant, comme pour les précédents, des apports théoriques, des mises en situations de la théorie et un espace expérientiel qui favorisent une sortie des automatismes en comprenant les avantages, les inconvénients, les bénéfices secondaires de ces mécanismes qui nous agissent ainsi que les moyens pour se libérer et se réaliser.

Ce troisième atelier expérientiel favorise l’émergence de la confiance en soi, une bonne estime de soi, un lâcher des auto-jugements, l’affirmation, l’individuation et la participation à l’évolution que cette spirale du changement offre à l’aventure humaine.

4. Le besoin de se transcender comme quatrième dynamique relationnelle de croissance

La quatrième dynamique, celle du besoin de se dépasser et de se transcender, complète les précédentes avec comme motivation celle d’équilibrer les différents besoins et retrouver l’homéostasie et l’harmonie systémique nécessaires à toute relation.

Si la première dynamique agit et fait agir sous l’influence de la peur en créant la dépendance et la recherche de sécurité, la seconde mue par le désir d’autonomie et de liberté se met en mouvement en cherchant à satisfaire conjointement les deux dynamiques. Ce qui engendre indécision, culpabilité, sentiments paradoxaux, pensées clivées, binaires, auto-jugeantes et contre-dépendance qui s’exprime avec une alternance de la dévalorisation et de la sur-valorisation de l’une ou l’autre des parties.

La troisième dynamique engendre l’indépendance, elle permet de sortir du clivage en agissant et en prenant sa responsabilité. La liberté d’action offre par cette dynamique la possibilité d’affirmer son identité et construire son image sociale. L’action prime, la coopération est possible si et seulement si, la sécurité de l’image sociale est préservée et valorisée.

La quatrième dynamique invite quand à elle à se transcender favorisant ainsi l’émergence :

– De l’Être aux dépens du paraître ;
– D’une estimation du progrès comme mode d’évaluation et comparaison au lieu d’une obligation ne faisant pas sens en provenance de tiers ;
– Du choix de la coopération à celui de la compétition inutile ;
– Du choix de la vie à celui de la survie ;
– Du choix de l’inclusion à celui de l’exclusion.

Mais permet aussi de croire que :

– S’améliorer entraîne le progrès de l’ensemble du système et que l’autre est un élément qui le favorise ;
– Chacun est capable d’être auteur et créateur de sa vie ;
– Chacun est l’égal de l’autre et que l’altérité est une richesse dans la relation.

Et de postuler que :

– La relation harmonieuse et équilibrée est nécessaire aux progrès ;
– L’interdépendance change la vision que l’on porte sur l’autre ;
– L’autre n’est pas un(e) rival(e) à éliminer mais un(e) partenaire nécessaire à la croissance et à l’évolution collective.

Cette vision demande d’avoir le niveau de maturité affective nécessaire et de posséder une pensée systémique et complexe décrite par Edgar Morin.

Pour aider à conscientiser ce processus et réussir à l’incarner, la D.E.C propose des apports théoriques, des exercices expérientiels, une compréhension des mécanismes et l’émergence de la vision systémique en relation. L’intelligence collective et le travail de groupe, comme pour les précédents, offrent aux participants la possibilité de se libérer des auto-jugements, d’expérimenter la confiance en soi, la confiance en l’autre, comprendre l’importance de la complémentarité et la coopération, etc.

Ce quatrième atelier offre la possibilité d’acquérir une vision et une conscience de l’importance de la coopération, des inconvénients de la compétition lorsqu’elle n’est pas nécessaire, et d’apprendre à discerner ce qui dans la relation le permet ou pas, en tenant compte des besoins et de la situation in situ.

La dynamique du changement étant une spirale évolutive, les ateliers et le concept offrent la possibilité de concevoir et de comprendre les mouvements qui nous agissent, les étapes qui mettent en route le changement, les difficultés que l’on retrouve à chaque nouveau cycle et les processus qui nous agissent aux niveaux relationnel, psychologique, social, familial, professionnel et sociétal.

Enfin, comprendre ces dynamiques aide à comprendre les étapes importantes de la relation, les liens qui nous agissent, les moyens de passer d’une relation adaptée, voire suradaptée, de survie à une relation mature en offrant une carte routière pour mieux comprendre comment se réaliser.

Jean-Marc Farahmand
Pau, le 13 août 2018