La crise étape incontournable du processus de changement

LA CRISE ÉTAPE INCONTOURNABLE DU PROCESSUS DE CHANGEMENT.

-Qu’est-ce que le changement ?
-Qu’est-ce que la crise ?
-Changement et peur du changement
-Le changement risque ou opportunité ?
-Les étapes du changement.
-Processus du changement.
-Quel accompagnement lors du processus du changement.
-Quelques hypothèses sur la crise et les étapes du changement.-
-Personnel.
-Sociétal.
-Économique.
-Politique.

LA CRISE ET LES PROCESSUS DE CHANGEMENT
Si nous acceptons cette phrase extraite du livre de sagesse chinoise, le «TAO-TE-KING» qui dit :
«Il n’y a qu’une seule chose qui ne change pas, c’est le changement»
Alors nous pouvons postuler que :
Chaque personne comme chaque organisation est un organisme vivant qui possède un instinct de croissance qui nécessite un environnement qui favorise son développement et sa croissance.
Le Processus de changement parle d’éveil, d’élargissement de la conscience et nous oblige à nous interroger sur notre rapport à l’autre, à l’environnement, au vivant en bref, à donner du sens à nos pensées, nos ressentis, nos émotions, nos comportements et nos actions.
Le processus de changement permet de prendre conscience de l’importance de Co créativité, de coresponsabilité de Co élaboration. Il fait appel, comme le dit « Edgar Morin », à une pensée et à une vision systémique et complexe.

QU ’ EST – CE QUE LE CHANGEMENT ?
Le changement est un processus de croissance. Il se manifeste dans chacun des domaines de l’existence.
La vie est un processus continuel d’apprentissage. Elle permet à chaque organisme de trouver, à travers le changement, la meilleure façon de s’adapter à son milieu environnemental pour y jouer son rôle en fonction de sa nature.
Cette adaptation permet de préserver la vie de l’ensemble du système. Elle est un mouvement perpétuel de croissance, de transformation continue, qui met en mouvement la dynamique de l’évolution.
Il est important de noter que la finalité de la vie est la Vie et que ce processus de transformation n’est autre que le respect de cette finalité.
Pour les individus, le changement se manifeste à travers un processus de croissance dans les différents domaines de leur existence. Qu’il soit «physiologique, physique, psychologique, affectif, comportemental, relationnel, professionnel, social, économique, environnemental, existentiel ou spirituel.
Ce processus est observable avec différentes approches ou prismes (1)
Le thème de cette intervention étant la crise et le processus de changement alors :

QU ’ EST – CE QUE LA CRISE ?
La crise est une étape incontournable du changement.
L’étymologique du mot crise, du latin « Crisis » veut dire manifestation grave. Elle annonce des incertitudes suite à une rupture d’équilibre.
En Grec « Krisis » signifie : décision importante, choix, jugement.
En français on l’emploie pour désigner des périodes de tension, des réactions douloureuses, des changements rapides, des remises en questions, des situations tendues et des troubles.
Tout en respectant ces différentes définitions, nous pouvons dire que la crise est le résultat de la rencontre de forces paradoxales. Qu’elles soient dues à un désir qui rencontre un interdit, ou à un besoin fondamental réel ou imaginaire qui se confronte à sa non satisfaction, ou bien d’une envie qui rencontre la peur qu’occasionne l’incertitude de sa mise en œuvre.
Le résultat de ces forces paradoxales entraîne, à des degrés divers, des dysfonctionnements qui obligent les organismes de les écouter, de leur donner un sens, avant de mettre en place une nouvelle organisation.
La crise oblige toujours, les systèmes à modifier leurs habitudes et à se positionner différemment face à leur environnement et au monde.
La crise, qu’elle soit d’ordre physiologique, psychologique, social ou organisationnelle, est toujours une étape incontournable du changement.
C’est elle qui provoque l’alchimie nécessaire à la transcendance, à la transmutation ou à la transformation.
Lorsque le changement réussi, il permet de transformer les peurs et les situations, quelles qu’en soient leurs raisons, en apprentissage et ainsi permet la progression des systèmes vivants.

POURQUOI LA CRISE ?
Lorsqu’il y a un équilibre entre le besoin et sa satisfaction, il n’y a aucune remise en question du mode de fonctionnement du système. C’est l’habitude, la routine, le connu.
Lorsqu’un déséquilibre apparaît, la crise est l’élément révélateur du niveau de ce déséquilibre, elle oblige le système à élaborer de nouvelles sources de satisfaction des besoins.
Le changement est toujours soit choisi, soit subi. C’est l’intensité du vécu qui donne l’information sur l’importance de la crise et sur le mode d’intervention à mettre en place pour la traiter.
Les symptômes de la crise se manifestent sous forme de tensions, de stress, de doutes, de remises en question et les résistances au changement sont activées selon la brutalité de l’événement.
L’intensité de la réaction oblige le système à s’adapter rapidement, ce qui souvent entraîne des souffrances violentes et parfois dommageables.
L’effet violent est presque toujours dû aux réactions de peurs, aux ressentis de manque, de vide et/ou aux pertes de repères qui demandent l’acquisition rapide de nouveaux apprentissages afin de s’adapter à la nouvelle situation.
Les angoisses, produites par l’insécurité de l’inconnu et de l’imprévisibilité du devenir, sont les facteurs qui entraînent le système vers des niveaux défensifs et régressifs.
Le temps et les expériences précédents sont les facteurs déterminants pour l’assimilation, rapide ou pas, des nouveaux apprentissages.
Les réactions et les comportements qui en résultent peuvent être explosifs ou implosives, en fonction des situations et surtout des types de personnalité des individus et des organisations qui les subissent.

PEUR DU CHANGEMENT
Le changement en général fait peur.Il est courant de lui résister, c’est un réflex naturel de protection face à l’inconnu. Il ne faut pas oublier que la fonction de la peur est de protéger. Elle est gérée par le cerveau limbique en lien avec le reptilien, dont la fonction est de préserver la vie. Elle est un réflexe naturel de protection.
Pour la psyché, le réflexe naturel est d’élaborer des défenses contre toute situation provoquant un sentiment réel ou imaginaire d’insécurité.
Les défenses sont élaborées tout au long de notre existence. Elles sont réactivées dès qu’un stimuli, externe ou interne, nous fait nous reconnecter à des souvenirs de vécus et d’apprentissages qui se sont plus ou moins bien passés.
La vie n’étant qu’un changement perpétuel (subi ou choisi), nous oblige sans cesse à s’adapter à de nouveaux contextes par de nouveaux apprentissages.
Chaque fois que les apprentissages se déroulent suffisamment bien, ils permettent aux changements suivants de se dérouler sans trop de résistance. Des qu’ils ne se déroulent pas de façon sécure, le système fait appel à des stratégies déjà connues, mises en place pour éviter les conséquences imaginables.
Les défenses sont multiples et variées. Elles se manifestent soit de façon active, soit de façon passive et génèrent toujours des conflits intrapsychique, observables à travers les comportements et les actes posés par les systèmes.

QU ‘ EST – CE QUI MOTIVE LE CHANGEMENT ?
C’est toujours la nécessité. Tant que la situation est confortable,ou suffisamment confortable, nous ne nous remettons pas en question. Le besoin de nouveauté, notre créativité, le besoin d’appartenance etd’identité, nous pousse sans cesse à rechercher du nouveau, tant sur le plan des besoins que des plaisirs. Nous les découvrons, le plus souvent, par un effet systémique d’appartenance et d’identification à un
groupe, qui va nous pousser, à travers ce nouveau paradoxe, à nous développer dans un double mouvement qui demande de nous différencier et de nous conformer tout en respectant l’équilibre entre leslimites et le possible. Cette recherche va devenir forcément source de souffrance, de manques, de peurs réelles ou imaginaires, mais aussi de joie, d’enthousiasme, de plaisir, d’opportunité, d’amélioration et de progrès,
qui vont nous mettre en mouvement pour le changement. Quelles que soient les raisons, nous sommes confrontés à un questionnement qui fait douter, qui fait peur et qui oblige à rechercher des réponses, qu’elles soient conscientes ou inconscientes.

Souvent les questions que l’on se pose sont :
Que se passerait-il si je/il/on change ?
Que se passerait-il si je/il/on ne change pas ?
Quel est l’UTILITE pour moi/ nous/ les autres ?
Quel en est l’INTERET et qu’est-ce qui va changer et /où améliorer pour moi/ nous/les autres ?
– Quel sont les conséquences et pour quel résultat ?
– Qu’est ce que je gagne à l’accepter ?
– Pourquoi et de quoi ai-je peur ?
La résistance au changement a toujours de bonnes raisons. L’inconnu et les représentations que l’on en a peuvent nous faire craindre au niveau :
– psychique, (la crainte de l’éclatement « psychose « )
– relationnel (des pertes, des ruptures, la solitude, l’abandon)
– système d’appartenance social (se retrouver SDF ou rejeté du système social)
– économique (une perte d’autonomie, de ne plus pouvoir subvenir à nos besoins, etc.)
Et comme nous le savons, il est souvent plus facile de s’habituer à plus que d’accepter le moins. Nous sommes confrontés à un autre paradoxe, qui est que pour avoir plus nous devons renoncer à quelque chose, soit sur le plan psychologique, soit relationnel, soit social, soit économique, soit matériel.
Cette nouvelle étape est souvent source de stress puisque nous connaissons ce fameux adage qui dit :
« Je sais ce que je perds, mais je ne sais pas ce que je gagne »
Par exemple :
– Si je veux trouver le plaisir de jouer avec d’autres enfants, il faut
lâcher la main que je tiens.
– Si je veux avoir le plaisir de découvrir une autre culture, il faut que
j’accepte de m’adapter à d’autres repères, donc de perdre au
moins provisoirement les miens, etc.

LE CHANGEMENT RISQUE OU OPPORTUNITÉ ?
— Ce sont les deux à la fois.
– C’est un risque :
– Si l’on veut maintenir notre cadre de référence avec nos croyances limitantes.
– Si nous ne voulons pas faire de nouveaux apprentissages.
– Si nous ne voulons pas faire le renoncement nécessaire.
– Si nous n’acceptons pas de nous donner le temps nécessaire au changement.
– Si nous ne tenons pas compte des conséquences.
– Si nous sommes dans un esprit de toute puissance (bien que des fois ça marche un temps).
– Etc.

C’est une opportunité :
Si j’accepte de faire les apprentissages nécessaires.
Si je me donne du temps pour l’intégration.
Si je perçois l’intérêt de la mise en mouvement.
Si je peux m’appuyer sur l’expérience précédente.
Si je peux m’appuyer sur le soutient du système.
Enfin si je suis confiant dans le processus de changement.
Si et si et si …….et bien d’autres encore.

LES ÉTAPES DU CHANGEMENT
Il y a plusieurs approches pour définir les étapes du changement, par exemple pour n’en citer que deux, celle qui va de la dépendance à l’interdépendance et celle qui va du besoin d’exister au besoin d’être, etc.
Mais quelle que soit l’approche que l’on utilise, il y aura les cinq phases incontournables des étapes du deuil défini par E. Kubler Ross, qui rythment tout processus de changement :
Ces étapes sont :
– l’inertie ou le déni
– la résistance, ou la colère
– le marchandage ou le refus de la réalité
– l’hésitation, ou la peur
– le renoncement ou la tristesse
– l’adhésion ou l’acceptation
Bien sûr chaque étape de changement commence par un choc, quelque chose qui consciemment ou inconsciemment nous met en mouvement. Dans l’approche empruntée à Joseph Cambelle du voyage du héros, R.
Dilts et S. Gilligan dénomme la 1 ère étape « l’appel », la 2 ème la décision, la 3 ème « le seuil », la 4 ème le voyage, qui comprend les épreuves, les cadeaux, la traversée du désert et bien d’autres pour arriver en fin à la 5 ème étape qui est le retour du héros chez lui.
Quelle que soit l’approche nous pouvons les représenter sous forme d’une courbe comme la figure ci-dessous : Ces propos pourraient être complétés avec la spirale du développement de l’autonomie. Mais cela demanderait plus de temps.

QUELLE AIDE OU QUELLE RÉPONSE PEUT – ON APPORTER LORS DES ÉTAPES DE C HANGEMENT ?
Si nous faisons l’hypothèse que le changement est un processus de croissance alors il devrait permettre :
– Sur le plan personnel, de développer d’abord son identité (moi je), pour ensuite se différencier et évoluer vers l’altérité, pour enfin accéder par la transcendance à la conscience de la reliance, seul état qui permet d’être vraiment dans l’interdépendance.
– Sur le plan sociétal, de développer la coresponsabilité, d’intégrer l’importance de la coopération et de la collaboration des systèmes humains, dans un respect écologique et économique, pour Co élaborer le système souhaité. La Co création, à ce stade, permet
de mettre l’énergie de chacun au service du sens de son existence et de son système d’appartenance.
– Sur le plan politique, reflet du plan sociétal, d’orienter la gestion des hommes, progressivement, d’un système où le « pouvoir de dominer et d’asservir » est remplacé par un système d’équité, de justice sociale,
permettant un équilibre simultané des devoirs, des obligations et des droits de chacun , dans le respect d’une écologie environnementale et d’ une croissance économique humaniste.

Quelques Hypothèses pour Accompagner le changement
Le changement s’opère par une alternance de croissance, de développement, de progression et de régression. Comme le mouvement des vagues sur l’océan. Il n’y a rien de linéaire dans le processus de changement.
Pour accompagner le changement sur le plan individuel il est important:
– De sortir du plan binaire (le bien et le mal, le sain et le malade, le bon et le mauvais, le fort et le faible) et interroger plutôt la fonction et l’utilité de la mise en place de chaque comportement, manifestation, symptôme, expression de langage, lorsqu’ils ne sont plus aidants pour la personne et son environnement.
– De développer l’acceptation du paradoxe qui habite chacun des individus.
– De tenir compte de l’interrelation de l’individu avec le où les systèmes dans lesquels il évolue.

D’observer les acquis de l’individu et le stade de développement où se trouve la difficulté (dépendance, CD, I, interdépendance).
– Pour reprendre Piaget, lorsque l’assimilation et l’accommodation des apprentissages sont défaillantes et ne répondent pas à la satisfaction des besoins fondamentaux, les apprentissages se font de façon partielle dans les différents secteurs de la vie.
– Le plus souvent le secteur qui se développe le plus lentement est le système psychoaffectif de l’individu. Or, il est le système clé dans l’élaboration des 3 stades de l’évolution humaine (id/alt/rel).
– Heureusement, les apprentissages acquis pendant la toute petite enfance, se complètent ou se restaurent, tout au long des rencontres, lors de liens privilégiés. C’est ce qui donne de l’intérêt à tout travail de développement personnel.
– L’analyse transactionnelle nomme ce travail  » du reparentage ». Il correspond à un accompagnement permettant la conscientisation nécessaire pour l’accès à l’acceptation de la différence et de la complémentarité.
– Pour accompagner les changements de l’individu, il est important de comprendre :
– Son cadre de référence.
– Ses difficultés et ses peurs.
– Ses besoins non satisfaits.
– Ses résistances en fonction de l’étape de développement.
– Les apprentissages défaillants ou incomplets.
– Etc.
Sur le plan social :
Si nous acceptons la définition de G. Rocher qui dit que le changement social est défini par toute transformation observable dans le temps et seulement si elle affecte, durablement, la structure et/ou le fonctionnement de l’organisation sociale d’une collectivité et qu’elle modifie le cours de son histoire.
Alors nous pouvons faire l’hypothèse que ce qui transforme durablement la structure et/ou le fonctionnement d’une organisation, sont les besoins émergents.
Souvent les changements profonds émergent après une période où les valeurs fondamentales du moment sont mal menées, avec des excès tant dans un sens que dans un autre (excès d’interdit et/ ou excès de permissivité, déséquilibre entre les droits et les devoirs), qui obligent, après une forte régression ou crise, la mise en place des moyens nécessaires pour l’étape suivante.
Pour spéculer sur les points d’amélioration envisageable dans cette période de crise actuelle, nous pourrions faire l’hypothèse qu’elle remettra au goût du jour des points comme:
– Le respect des personnes/ des lieux/des objets/de la nature/des espaces et des modes de penser différents, etc.
– Le respect des relations / des engagements ou désengagements / de leurs conséquences sur la communauté «humaine».
– Les civilités / la citoyenneté / la coresponsabilité des actions collectives etc.
– L’encouragement et la valorisation collectivité, etc. d’actions au service de la

Sur le plan économique :
Si l’économie est le moyen d’assurer les échanges indispensables à la vie de l’espèce humaine, qu’elle permet la croissance, par des échanges de biens et de services nécessaires à la satisfaction du progrès et du bien être des populations.
Nous pouvons faire l’hypothèse que la crise devrait permettre une évolution dans le sens de :
– Plus d’équité.
– Plus d’équilibre dans les échanges.
– Plus de réflexion dans les choix et l’utilisation des produits de consommation.
– Plus d’échanges responsables.
– Moins de gaspillage.
– Moins de consommation « Kleenex ».
– Etc.

Sur le plan politique :
Si l’objectif de la politique, dans le sens noble du terme, est de permettre une gestion saine du groupe humain dont elle est investie.
Nous pouvons faire l’hypothèse que la crise devrait conduire à une plus grande démocratie citoyenne, à un plus grand respect des différences, à une plus grande pratique de la coopération interpersonnelle, inter-région, voire pourquoi pas inter-nation.
Mais même si tout cela n’est qu’au stade de l’utopie à ce jour, la crise nous oblige à revisiter les points essentiels de nos priorités.
Elle nous fait progresser vers l’autonomie, en terme d’interdépendance, nécessaire pour vivre ensemble et pour ne pas arriver à l’excès futile de l’ultime régression qui nous conduirait vers la destruction de ce que l’humanité à mis des milliards d’années à élaborer et qui a permis de continuer l’aventure humaine jusqu’à maintenant. Restons optimistes et rappelons-nous cette phrase de « Mark Twain » qui
dit :
« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ».
Jean-Marc Farahmand
Le 15 Juin 2012